Némesis ou la Perséphone des humains.

Némésis - Perséphone Usagi

Deus Vult !

Description Physique

Claire abrite de nombreuses choses à l'intérieur de son corps, et son physique est bien la première chose qu'elle aspire à cacher, ce qu'aide bien sa petite taille et son poids très fin, lui permettant de facilement se fondre dans des endroits assez fins. Elle est, cependant, le genre de personne visible de loin: Un visage pointu et fin, qu'on eut dit taillé dans du marbre tellement il est pâle, Surplombé d'une cascade de cheveux roux, descendant jusqu'à sa poitrine, qu'elle embrasse discrètement, pour cacher de nouveau ses formes. Cependant, ce qui attire l'oeil, ce sont justement ses yeux vairons. En effet, elle à un œil ambré, couleur normalement inexistante chez les humains, et un autre œil d'une couleur violette. Ensuite, vous avez son nez, fin et arrondi, il va bien avec le reste de son visage, et sa bouche, minuscule et discrète ne se montrera bien souvent pas sur son visage, lui donnant une impression encore plus mystique et inconnue. Son corps, mis à nu, pourrait être assimilé à celui d'une quelconque déesse, sorte de statue de marbre, des muscles discrets et une carrure fine, une poitrine assez peu remarquable, et une peau toujours aussi soyeuse, en apparence comme en texture.  Tout du moins, ceci jusqu'à ce qu'elle reprenne son sérieux. A ce moment, ses yeux se froncent et sa bouche présente un rictus malicieux, cet aspect de Perséphone se ressent jusque dans sa peau, qui va tirer d'une couleur grise-noire légèrement inhumaine. Elle aime à porter des parures telles que des diadèmes ou autres luxes mettant en valeur son corps, tels que bagues et collier. D'un naturel très lunatique, la plupart des motifs qu'elle porte sont des motifs incompréhensibles à moins d'être dans sa tête... Ou d'être calé en mythologie grecque et romaine. Elle porte toujours des habits assez simples, bien qu'elle aime à revêtir une tenue assez étrange : Un chemisier qu'elle garde toujours un peu ouverte, légèrement courte au niveau des bras, cachant ses épaules et une partie de ses bras, s'arrêtant à mi-chemin de ses coudes, et révélant une mince partie de son ventre quand elle lève les bras, la tenue étant un peu serrée. Sous ce chemisier se trouve un magnifique corset, tenant son buste droit et la mettant en valeur, attitude contradictoire par rapport à elle-même, mais elle n'y prête plus attention, Et, en guise de bas, elle revêt une jupe assez longue ainsi que des jupons. Cette apparence sortie d'un autre âge vont très bien avec sa personnalité. Mais dans tout ceci, on vous a bien sur caché une chose... C'est sa maladie. C'est pour ça qu'elle se fait discrète : En plus d'avoir des problèmes de santé et quelques problèmes mentaux, son corset rend difficile sa respiration, mais elle ne l'abandonnerait pour rien au monde. Quand sa maladie se témoigne, ses yeux s'humidifient et elle se met à tousser du sang. Et, croyez moi, voir une goutte de sang sur ce visage à l'air pourtant si candide est bouleversant dans une certaine mesure, car elle renvoie forcément à l'image d'une jeune enfant qui aurait ce sang, et qui partagerait son funeste destin. Il n'est aussi pas rare de la voir trembler ou paraître inconfortable, allant même des fois jusqu'à perdre l'équilibre, ou pire, perdre conscience, auquel cas ses genoux se dérobent violemment et sa personne bascule violemment. Cette dernière situation, bien que rare, peut s'avérer dramatique si jamais elle survient à des moments inconvénients – et c'est bien souvent le cas. Comme vous pouvez vous en douter, de tels problèmes ont du laisser des traces sur le corps ou l'âme de la jeune fille, et vous auriez raison. Vous ne le verrez sûrement jamais, mais son corps est marqué par tout ceci, sa peau étant rouge vive au niveau de là où elle porte son corset – qui est juste là pour l'empêcher de se briser la nuque en tombant – Et cette marque ressort encore plus du fait que sa peau soit aussi blanche. Déesse de marbre a l'héritage de Némésis, elle possède aussi une épée, qui est, en vérité, l'artefact qui résulte de sa folie. Cette épée ne possède aucun tranchant visible, bien que son bout arrondi soit tranchant, et sur son manche est taillée une balance. Elle est utilisée en tant que procédure lors d'une prise de décision, et souvent, prise à témoin de quoi que ce soit. Le pouvoir de cet épée permet à son possesseur de se plonger dans un noir total, hors du monde. Les obstacles seront présents, mais elle ne les verra plus, et elle se contentera d'entendre des voix, comme elle en à l'habitude. Ce « pouvoir » est invoqué par une formule simple qui lui permet de faire sortir un bandeau. Cette épée mesure aussi l'âme de son porteur, qui doit donner autant qu'elle doit recevoir, et c'est ainsi que la balance penche selon ce qu'elle accomplit. Quand elle rend un service, la balance penche d'un coté, et ceci influence directement l'épée. À tout moment, le porteur peut invoquer l'esprit de l'épée, selon un facteur temps et action qui se mesure par la balance de l'épée, et se libérer de sa maladie pour un court moment, reprenant le dessus sur elle, sur sa concentration et son sérieux, et pouvant ainsi allier ses deux personnalités. Cependant, une fois le pouvoir dispersé, elle se retrouve affaiblie, et va jusqu'à s'évanouir

Description du Caractère

Ce que vous pourrez retenir de la mentalité de Claire, qu'on appellera ici par l'un de ses nombreux surnoms auxquels elle se substitue, c'est que sa mentalité est très difficile, voire même impossible à cadrer. Tout d'abord, quand vous la verrez pour la première fois, il peut se passer plusieurs choses. Soit elle vous regardera d'une manière amusée, soit elle cherchera à fuir votre regard, mais dans tous les cas, une aura mystique se met alors à émaner d'elle, une aura qui attire, et vous finirez bien souvent par lui parler. Jamais ne vous dévoilera-t-elle son nom, aussi ses paroles pourront tout d'abord vous paraître floue, mais vous comprendrez bien vite que son coté un peu loufoque est bien souvent capable de saisir la dure réalité. Elle ne cesse de parler de dieux et impliquera toute sa culture dans ses phrases. Non pas par orgueil, non, bien loin de là. A partir de là, il peut se passer deux choses : Ou bien elle s'attache à vous, auquel cas vous devenez un de ses amis, et vous pourrez alors compter sur elle, lui demander des conseils, etc... Ou vous pourrez vous retrouver contre elle, auquel cas elle présentera une personnalité plus silencieuse et ne cesserait de vous défier du regard. Cependant, ce dernier cas est très rare, et, même si elle ne vous aime pas, elle cherchera à vous parler pour mieux vous apprécier. Elle aime jouer les mystiques et les inconnues, et il lui arrivera souvent de chercher une touche d'humour dans les situations les plus noires, et de décaler ses phrases par rapport à la situation, son esprit ne semblant pas suivre le même processus qu'un esprit normal. Ensuite, elle semble être capable de voir des choses qui ne sont pas là, et d'entendre des sons qui ne se produisent pas. Ceci se traduirait par le fait que son « squatteur » interne déforme ce qu'il voit et ce qu'il entend, ou que son cerveau superpose une image du temps passé... ou des fois, d'un futur proche. Ces images, quand elles sont provoquées à grande échelle, sont des représentations du monde sous forme de Géhenne. Bien souvent, elle ne parle pas de ses quelques visions, et préfère simplement les garder pour elle. Aussi, elle peut entendre des voix dans sa tête, qui lui murmurent des choses sur la personne qui lui fait face. Ce fait lui à fait croire à une puissance supérieure habitant le monde, qui aurait choisi sa personne comme prophète, bien qu'elle ne s'en vante jamais. Elle tourne souvent ses yeux et son âme vers son Dieu dans les situations désespérées. Cependant, quand elle devient sérieux, elle change totalement de ton. D'une variante entre le souriant et le joyeux, elle passe à du grave et du concentré. Ses mots deviennent lourds, et même sa démarche change. Elle semble alors capable de prévoir les actions de ses adversaires à l'avance, d'une combinaison d'instinct et de lecture du langage corporel. Bien que fort utile, cette capacité se prouve bien trop hasardeuse et dangereuse pour être risquée dans un véritable combat à mort, auquel cas elle préfère analyser et réfléchir sur la situation avec ce même œil amusé. Elle se dit bien souvent immortelle, et elle n'hésite pas à se mettre elle-même dans des positions de danger mortel simplement pour qu'on trouve un moyen de la sauver. Contrastant bien avec son apparent physique candide, il est vrai qu'elle s'avère plus omnisciente que la plupart. Sa maladie l'aura bien sur laissée affaiblie, mais tout cela contribue à lui donner cette aura mystique, qui intrigue et attire. Humains comme démons, personne ne saurait comprendre ce à quoi elle réfère, car ses « divinités » ne sont présentes que dans sa propre tête... Folie ou Omniscience ? Personne ne le sait...

Histoire

Chapitre I : Le commencement

Discrète dès sa naissance, la jeune fille naissait avec quelques mois à peine de retard par rapport à sa sœur, et elle fut donc bien vite oubliée. Le nom que ses parents lui donnaient, ils ne prenaient jamais la peine de le dire à qui que ce soit, et c'est ainsi que, par un concours de circonstances particulièrement hasardeuses, elle se retrouvait affublée de divers noms qui ne lui corrrespondaient pas, car ses parents avaient oubliés d'officialiser son nom. Jamais ils ne prirent la peine de retourner pour valider la déclaration de leur cadette, et elle fut donc une jeune fille qui n'avait jamais existé. Déjà, étant jeune, elle présentait d'évidents signes de sa maladie... Tout d'abord, juste des signes mentaux, et une latence à parler. Elle passait son temps à faire les quatre cents coups, cherchant toujours des moyens de se faire remarquer, mais à chaque fois, elle trouvait un moyen de se cacher. Jeune fille assez problématique, à l'école elle était connue pour sa capacité à lire les mouvements des gens, tâche qu'elle avait entraînée depuis des mois, elle adorait être capable de tout savoir sans devoir échanger un mot avec la personne d'en face. Ceci lui avait alors acquis une sale réputation, de sorcière, de personne surnaturelle, ce qui était apparemment très mal vu là où elle était. Se rétractant ensuite sur elle même, elle se décidait à s'occuper de choses plus... Surnaturelles. Et un jour, alors que c'était encore une gamine, l'enfer arrivait. Le plus surprenant, c'était qu'elle se montrait parfaitement calme dessus. En entendant des bruits de choc et en regardant par une fente de lumière dans la porte, légèrement entrebaîllée, elle avait compris ce qu'il se passait. Ce sentiment de déjà-vu, et elle savait ce qu'elle devait faire. Elle ouvrait alors la fenêtre et jetait une de ses chaussures à l'extérieur, puis elle se cachait dans l'armoire, faisant bien attention à être silencieuse. Une personne entrait alors dans sa chambre, et ouvrait brusquement l'armoire, tombant sur une jeune fille paniquée qui passait entre ses jambes, courant pour sauter au travers de sa fenêtre, ne prenant même pas la peine d'attraper sa chaussure au passage. Sa course, bien qu'inégale, était rapide et lui permettait d'échapper à l'homme... Mais sa sœur était encore à l'intérieur... Que lui arriverais-t-il ? En plein milieu de la rue, cette jeune fille sans nom était là, fixe... Elle n'avait qu'un nom de famille, et elle ne pourrait jamais avoir de prénom, car ses parents biologiques étaient les seuls à pouvoir la déclarer... Et pourtant, elle ne pleurait pas. Elle fut vite trouvée par une personne qui la vit marcher seule dans la rue, et qui lui demandait où était ses parents, ce à quoi elle répondit machinalement par un signe de main.

Ma pauvre enfant, prononçais-t-il, tes parents ont donc disparu...

A peine avait-il dit ça qu'il transportait la nouvelle orpheline en direction de l'orphelinat. Il se sentait bien sur triste pour elle, mais il ne pouvait rien faire en dehors de ce qu'il faisait déjà. Il l'emmena ainsi à l'orphelinat et puis la laissait seule, partant de nouveau, livrant une jeune fille dans ce monde..

Que dire d'autre ? Peu de choses intéressantes ont eu lieu lors de ce temps, si ce n'est qu'une famille se décidait à l'adapter.

Chapitre 2 : Famille, je vous aime

La famille qui l'avait adoptée n'avait guère de prétention, une simple famille bourgeoise vivant dans une des plus grandes villes au monde, et avec une culture très mixte. Son père était un simple ouvrier, aux horaires de travail harassantes, aux très courtes vacances, au salaire léger, et qui avait donc peu de temps à offrir à sa jeune fille.
Sa mère, quand à elle, était une infirmière de nuit, elle travaillait bien souvent toutes les nuits, de 9h du soir à 6heures du matin. Elle avait peu de temps à proposer à sa jeune fille, si ce n'était l'après midi, et elle tentait par tous les moyens de s'occuper d'elle.
Sa famille avait adopté une méthode d'éducation à l'occidentale, laxiste mais efficace. Elle adorait ses parents, mais... Il y avait un problème.
A peine arrivée dans sa nouvelle famille, elle était triste, et ne parlait à personne, ne cessant de pleurer dans sa chambre, sautant des repas par simple tristesse, jusqu'au jour où, une soirée, son père vint dans sa chambre pour la réconforter. Elle était en train de pleurer sur son lit, la tête dans son oreiller, quand il s'assit juste au bord et posait sa main sur son petit bras, et elle prit alors la main opposée pour la poser sur le bras de son père et levait un peu la tête pour lui montrer ses yeux pleins de larmes, et il fit une grimace, la réconfortant par des mots simples

Ne pleure pas,  ma chérie, je n'aime pas savoir que tu es triste...

Elle ne parlait pas et enlaçait alors son père, pleurant dans son épaule, alors qu'il se contentait de lui taper gentiment dans le dos, ne sachant pas trop quoi dire pour la rassurer, n'ayant en aucun cas envie de faire s'aggraver le tout. Elle souffrait, il le savait, mais aussi n'arrivait-elle pas à parler.

Mais aujourd'hui, qui se doutait que son père entendrait les premiers mots qu'elle prononçait de sa vie. Ses mots furent emblématiques de sa douleur, car elle répétait en boucle le nom de sa sœur, sanglotant à chaque fois, reprenant sa respiration

Il ne savait cependant toujours pas quoi dire, car il connaissait la vérité sur Shizuko... Tout du moins, il savait ce que les gens disaient sur elle. Ils parlaient de sa mort. Et il ne voulait surtout pas dire ça à sa fille, mais il ne voulait pas lui mentir... Alors il ne parlait pas, et il éviterait la question à tout prix. Il ne voulait que le bien de sa fille, et donc il fallait qu'elle reste joyeuse et qu'elle garde le sourire.

Cependant, elle n'était pas dupe, elle le savait, sa sœur avait eu très peu de chances de survivre... Elle avait disparu durant un cambriolage où la personne avait été arrêtée.. Mais elle ne voulait pas y penser. La simple idée de sa sœur la faisait pleurer. Elle voulait la retrouver, elle voulait partir à sa recherche, elle serait descendue jusqu'en enfer.

Elle n'aurait probablement jamais du demander ça, car, quelques semaines après tout au plus, elle tombait soudainement malade. Très vite, son cas devint urgent, car elle était atteinte d'une grande fièvre, de quintes de toux avec présence de sang, et de périodes d'absence. Cette maladie faisait peur aux parents comme aux médecins, surtout car elle était inconnue, et que, progressivement, l'issue devenait de plus en plus bancale, alors que les traitement s'avéraient inefficaces. Sa famille l'accompagnait, subissait avec elle, sa mère et son père pleurant des fois à son chevet, mais, dés qu'il le pouvaient, ils venaient la voir, déposaient un baiser sur son front, et restaient ainsi à l'admirer. Très vite, son père lui achetait le livre de l'odyssée et le lui donnait pour lire durant sa convalescence, et elle se mit alors à apprécier la mythologie romaine, et les autres mythologies. Ses parents, croyant à une maladie mortelle, lui achetaient tous les livres qu'elle voulait, étant bien souvent des livres de mythologies, tels que la  bible, le coran... Elle devint ainsi une spécialiste de la mythologie grecque, et ses parents se rendaient vite compte que quelque chose clochait, car elle délirait tout le temps. Elle clamait des choses qui n'existaient pas, et elle parlait de manière énigmatique... Ils croyaient à sa fin, mais elle tardait. Jusqu'au jour où, sur la demande de la jeune fille, on invoquait un prêtre à leur maison. Ce prêtre donnait une chaîne avec une croix à sa patiente, et elle lui prescrit des prières. Le pendentif semblait abriter une sorte de force d'esprit, vu que la jeune fille se mit à se lever, reprenant lentement le dessus. Quand on lui demandait ce que le prêtre lui avait dit, elle répondait qu'elle suivrait sa foi, et qu'elle s'en servirait pour survivre dans ce monde. Elle avait ensuite remonté la piste du prêtre, pour pouvoir le remercier, et c'est alors qu'elle entendit parler de l'école de la Croix Vraie, où elle pourrait suivre des études normales, et elle s'y dirigeait alors avec hâte

Chapître 3 : Les yeux ouverts

En classe, elle regardait toujours par la fenêtre, écoutant le professeur d'une oreille. Elle regardait le monde se tordre sous ses yeux, le tissu même de la réalité se fendant alors que tout prenait un air rouge et enflammé. Elle pouvait presque sentir la chaleur des flammes, et le contact d'un démon...

Un problème ? Vous m'avez l'air... Absente.

Elle tournait alors lentement la tête, un grand sourire aux lèvres

Comme vous le voyez, je suis présente, corps et âme... Mais nous ne pouvons pas en dire autant de tout le monde ici.

Elle tournait ensuite le regard vers un endroit vide, où elle voyait une personne accoudée au mur. D'une allure humaine, il la dévisageait, comme si il croyait qu'elle ne pouvait pas la voir. Il donna un rapide coup de pied dans le mur et passa derrière le professeur, qui se raidit et se retournait en sentant le courant d'air dans son dos.

Personne ne peut me voir, clamait le nouveau-venu, excepté bien sûr toi. Je commençais justement à me trouver un peu solitaire... Bon, tu t'occupes de lui et tu biens me retrouver dehors, je t'attendrais.
Et, sans rien dire, l'inconnu se retournait et partait, laissant ainsi sur place un homme dans un état de surprise légèrement paranoïaque, et une jeune fille amusée. Elle s'adressait alors au mentor, ne montrant pas une once de surprise

Je vous l'avais dit. Son corps est absent, mais son esprit est bel et bien présent. Bon, ce n'est pas que je m'ennuie, mais j'ai un rencard ! Ne vous inquiétez pas, je reviendrais vivante... Ou non, mais il faut bien que j'y aille.

Elle s'échappait ensuite, d'une démarche totalement détendue, mains dans les poches et un sourire sur les lèvres, à un point que personne n'aurait jamais pu seulement imaginer qu'elle allait rencontrer la mort en personne. Une fois arrivée dehors, elle voyait bien le panorama magnifique sous lequel elle allait parler : à perte de vue, une image de la campagne fleurissante d'un œil, et de l'autre, une terre brûlée et respirant la mort et l'enfer. Elle s'approchait alors de la personne qui ressortait, au pied de l'arbre qui était commun aux deux mondes. C'était un jeune homme de sa taille, présentant des caractéristiques physiques très avantageuses – peut être même un peu trop – mais qu'elle ne savait pas décrire, et qu'elle regardait avec un œil incapable de le comprendre ou de s'en rappeler. C'est un peu comme si il changeait selon la manière dont elle le voyait.

Bonjour, monsieur le squatteur... Tu es venu te plaindre de mon alimentation ? Je ne te nourris pas assez, quand tu es à l'intérieur de mon corps ?

Elle lui donnait alors un sourire, ce à quoi il rétorquait en pouffant d'un rire, d'une voix qui était à la fois aigue et grave, comme si deux voix parlaient de la même personne, au même moment, exactement.

Plutôt rapide, je m'en doutais. Non, ce que je veux, c'est que tu fasses attention à moi, et je veux pouvoir t'aider. Après tout, je ne suis pas sorti depuis longtemps, et je commence à m'ennuyer...

Haussant ensuite les épaules, la jeune femme allait se placer contre l'arbre, glissant lentement pour s'y retrouver dans une position semi-allongée, jambes tendues devant elle et dos contre le tronc. Elle levait les yeux au ciel et commençait à prononcer une phrase

Je ne peux pas...

Avant même qu'elle n'ait eu le temps de finir, l'autre lui coupait la parole et insistait bien sur chacun de ses mots, laissant un petit intervalle entre chacun d'entre eux.

Tu peux m'aider, mais tu ne cherches pas le moyen.

Elle respirait lentement alors que le silence se faisait, et l'autre personne choisit de se placer à coté d'elle, accroupi, et tourné vers elle, la regardant dans les yeux avec un air étrange, une sorte d'appel à l'aide, de demande silencieuse.

C'est bon, tu as gagné... Comment pourrais-je seulement t'aider ? Je ne suis pas en l'état pour faire du sport...

Apparemment gêné, son « ami » se passait la main dans les cheveux et tournait le regard. Alors c'était donc de sa faute ? Elle lui jetait alors un regard. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, et elle se contentait de lui sourire, ce à quoi il la regardait, avec les yeux humides. Il ne s'attendait sûrement pas à ce qu'on lui accorde un pardon. Il passait alors ses bras autour de la jeune fille, la transperçant certes, mais lui laissant une agréable sensation de chaleur humaine, un peu comme si le corps existait sans être tangible. Ce moment durait quelques secondes, où chacun s'acceptait en tant que dépendant de l'autre, où ils se reconnaissaient et se comprenaient.

Je ne t'en veux pas... Et il est vrai que j'aurais bien besoin de compagnie. Aurais-tu une idée de quelque chose que nous pourrions faire ensemble, avec ton intangibilité ?

Il souriait de toutes ses dents, apparemment fier que quelqu'un lui fasse confiance, et qu'on lui demande son avis, à lui, petit démon de bas-étage, ne servant d'autre cause que celle de faire souffrir son hôte. Il se sentait tout de même légèrement coupable, et c'est alors qu'il baissait un peu le regard, s'adressant à l'adolescente avec un ton empli de gêne

C'est à dire que... J'ai bien une idée... Mais... ça te ferais risquer ta vie.

Elle se levait alors brusquement, prenant de la hauteur par rapport à l'autre personne, se levant brusquement et faisant face à son vassal d'un air supérieur.

Et bien qu'il en soit ainsi ! Je ferais tout ce que je peux pour toi ! Je suis responsable de toi, et tu devras me venir en aide ! Si nous devons mourir, alors mourons ensemble, mais si nous devons vivre, alors j'estime que nous devons faire des sacrifices pour le bien-être de l'autre ! Tu me comprends ? Je souffre peut être à cause de toi, mais toi, c'est bien pire ! Tu as vécu dans l'ombre, sans parler à personne, sans voir personne, pendant des années, et je préfère mon destin que le tien ! Mais il est encore temps de changer ! Nous pouvons encore nous entraider, vivre ensemble!

Avec un mince sourire, celui qu'on appelait « Garry » se contentait de répondre, un peu amusé

Du simple au double, tel que je te connais. Nous partageons deux âmes différentes, deux corps différents, nous vivons même dans deux mondes différents, mais tu veux pourtant qu'on trouve un terrain d'entente...

Non ! Je ne veux pas de chose aussi utopique qu'un terrain d'entente ! Je veux juste que nous agissions tantôt plus pour toi, et tantôt plus pour moi... Mais, parle moi de ton idée. Tu avais parlé d'une chose dangereuse, que nous devrons combattre ensemble pour surmonter ?

Il assombrissait alors son regard, et ses yeux s'humidifiaient de nouveau. Il joignit ses mains en signe de prière, et ne dit plus rien pendant un moment. Ce silence était dramatique, mais elle le respectait, il était hors de question de le rompre.

Oui... C'est a dire que ça me fait un peu du mal de te proposer ça... Tu pourrais penser à devenir Exorciste. Moi, je te fournirais toute ma connaissance du monde des démons, de leurs mœurs, de leurs stratégies, de plein de choses... je suis actuellement capable de voir de nombreuses choses rien qu'en regardant une personne. Mais toi, en échange, je veux... Que tu portes une des reliques qui se transmet dans un des temples de Rome, qui est utilisable par tout Exorciste, à partir du moment où ce dernier trouve l'équilibre parfait... Et tu – non, nous – sommes l'équilibre parfait. Tu es une humaine, future Exorciste, et je suis un Démon

Il lui tendit alors la main, mais elle n'en fit rien, et elle se contentait de l'enlacer. Elle avait des larmes dans ses yeux, et elle était consciente qu'elle devait apparaître folle aux yeux du monde... Cependant, il s'avérait que, une fois cette discussion finie, elle n'avait pas bougée du pied de l'arbre, comme si elle s'était assoupie, et une voix dans sa tête lui indiquait qu'on l'avait transportée l'espace d'un instant dans un état psychotique, de manière à ce qu'elle ait l'impression d'agir et de parler alors qu'elle ne faisait véritablement rien.

Une promesse étant une promesse, elle allait vite voir le Doyen de l'école de la croix vraie, et, en lui faisant face, elle se mit à parler, concentrée et sérieuse au possible.

Monsieur, je vous demanderais de nous donner le rôle de Nemesis, déesse de la balance et de l'équilibre, ainsi qu'une place de gardien de l'équilibre entre les mondes. Je vous implore de nous accueillir au sein de votre communauté.

Il restait alors silencieux, trifouillant sa barbe d'une main, et regardant la jeune fille, il ne savait trop que dire, visiblement, à l'air un peu triste. Quand il prit enfin la parole, son air était sombre

Une personne aussi instable que vous en tant que Némésis ? Je me demande si cela est possible... Mais pour la place d'Exorciste... Je vois bien que vous êtes infectée par un démon, mais cela n'est-il justement pas dangereux ? Ne vas-t-il pas prendre le contrôle de votre corps ou--

Monsieur ! Je vous pris de lui faire confiance – de nous faire confiance ! J'ai cru en lui, et c'est grâce à lui que j'envisage aujourd'hui une telle carrière ! Il m'a guidé, et m'a aidé dans l'ombre ! Il m'a réconforté à chaque fois que j'étais triste, sans même se dévoiler ! À chaque fois, il prétendait être mon ami imaginaire, et il ne cherchait jamais à se mettre en avant ! Il s'occupait de moi pour se sentir moins seul, son bien être était sa seule préoccupation ! Et je ne vois pas pourquoi il choisirait de me trahir maintenant !

Elle ne se rendait pas tout de suite compte de sur qui elle avait élevé le ton, car elle était encore en colère contre la personne âgée, contre la manière qu'il avait de parler de son ami... Cependant, quand elle se rendit compte, elle s'excusait, et l'homme se mit a rire franchement

Voyons mon enfant, vous n'avez aucune raison de vous excuser ! Je vois bien que vous êtes déterminée, et que vous avez un sens aigu de votre justice. Ne bougez pas, je vais vous chercher l'épée... Mais nous en reparlerons après, voulez vous ? Il se fait tard. Avant de commencer vos études, je vous encourage a vous installer dans le dortoir et à aller acheter toutes les fournitures nécessaires... Vous héritez de la chambre numéro 7. Bonne journée, mademoiselle, et n'oubliez jamais cette foi brûlante qui vous habite, car c'est ce qui vous aidera dans les pires situations. Par contre, faites très attention, car cette épée penche en faveur de vos actions... Suivez votre foi, et ne vous posez pas de question, car le doute et le mensonge rendront cette épée lourde et difficile à manier. Cette épée vous accompagnera, mais surtout... Croyez toujours en vous .

Elle remerciait chaleureusement le Doyen et puis sortait, se dirigeant vers son dortoir... Aujourd'hui, elle avait réussi, elle avait prouvé à tout le monde que, bien qu'elle soit malade, elle pouvait toujours avoir cette même flamme de la vie, et qu'elle pouvait s'embraser comme tout le monde... Cependant, elle se sentait maintenant faible, elle était en sueur et elle respirait difficilement. Devoir autant hausser le ton avait des effets nuisibles sur elle. A peine entrée dans sa chambre, elle tombait sur son lit, un grand sourire aux lèvres, et fermait les yeux, plongeant dans un sommeil bien mérité.